Babo : L'histoire de Haftbefehl (2025)

@FS : hormis que là il s'agit de tout à fait autre chose. Le film porte sur le rappeur allemand d'origine turque Haftebefehl, et le terme Babo ici n'a rien à voir avec le rappeur mexicain dont vous parlez. Le titre du film fait référence à l'expression tirée d'un de ses titres : "Chabos wissen wer der Babo ist" qui peut se traduire par "Les jeunes savent bien qui est le Boss". "Babo" ici signifie donc "le Boss".

De plus il n'y a aucun lien étymologique entre "Babo" ici et le chanteur mexicain que vous évoquez. Babo est un mot de l'argot des rues qui provient du terme zazaki (langue kurde / iranienne, le père de Haftbefehl était kurde zaza) qui signifie "père", "patriarche".

À une génération près et en tenant compte de leurs différences, on peut établir un certain parallèle entre Babo et Keny Arkana. Les deux parlent du peuple d'en bas, Keny Arkana sur un mode existentialiste et militant, et Haftbefehl en gansta rap plus cynique, mais tous deux parlent des laissés pour compte par le système et sont perçus par leur audience comme la voix du constat d'échec dudit système - Keny avec son envie de construire différemment, Haftbefehl - qui signifie "mandat d'arrêt" - sur le ton de la désillusion. Là encore, deux générations et deux conclusions différentes.

Haft est un artiste aussi fragile et écorché vif que Stromae, avec un peu les mêmes démons dépressifs et la même exigence musicale. Hormis que là où Stromae glisse avec pudeur ses fragilités dans son art, Aykut s'est inventé un alter ego blindé, un super héros / super vilain exubérant et incassable, en la personne de "Baba Haft". Un exutoire autant qu'un refuge, un costume qu'il a du mal à quitter, parfois au détriment de tout le reste.

J'ai de la peine pour sa femme. Elle est la groupie du pianiste, amoureuse d'un égoïste. Et Aykut marche au bord du précipice, de plus en plus. Peut-on guérir de cela ? Peut-on seulement y survivre ?

(Edit : merci à @LaChieuse pour sa correction sur mon erreur de filiation)